LIVRES
LE
PETIT BOUCHER
Le
Petit Boucher de Stanislas Cotton vous emmène
au cœur d’un village où les pires horreurs qu’une jeune fille
puisse subir vous seront exposées. Simple mais plein d’émotions,
ce texte ne laisserait personne insensible.
L’histoire
se passe dans un village, dans un contexte géographique totalement
différent de celui que nous connaissons. Pourtant l’évènement
s’y déroule, le tragique déroulement de cette folle nuit dans les
bois, ce genre de choses arrive partout. C’est bien pour cela que
le lecteur se retrouvera totalement plongé dans l’ambiance de
cette pièce de théâtre. La personne qui nous narre l’histoire
est une jeune femme comme les autres, avec ses amours, ses amis et sa
famille. Elle fut du jour au lendemain prise dans un tourbillon de
tragiques évènements : son village incendié, la perte de son
fiancé, Antonin, mais aussi et surtout, la confrontation avec ce
boucher. Cet homme qui lui vola tout. Sa famille. Son avenir. Son
espoir.
Ce
livre, facile à lire, à comprendre et donc facile à apprécier,
nous fait ressentir divers sentiments, un tourbillon d’émotions
qui ne nous laisse de marbre. Chaque lecteur se surprendra à être
complétement habité d’une réelle et émouvante compassion pour
cette jeune fille pourtant bel et bien imaginaire. Tout cela est
certainement dû au fait que tout le monde sait pertinemment que ce
genre de dénouement arrive à de nombreuses filles, chaque jour,
victimes de viols et d’harcèlements. Cette histoire nous confronte
à la réalité, une réalité envers laquelle tout le monde est
coupable d’oubli, de déni et sur laquelle beaucoup trop d’entre
nous ferment les yeux. Ce texte, superbement écrit, ne laisse
résonner en nous, après lecture, qu’un ravissement mêlé à de
la frustration et à de la tristesse. Tristesse que l’on partage
avec cette jeune narratrice non réelle. Elle ne l’est peut-être
pas mais, à travers elle, ce livre de théâtre nous donne l’envie
d’adresser à toutes ces jeunes filles, bien réelles pour leur
part, tout notre soutien. En bref, cette oeuvre de Stanislas Cotton
vaut le détour.●
Mouzakki Hakima. 6ème
A.
Le Petit Boucher de Stanislas Cotton : 4e
partie, poète dramatique
Ce
manuscrit de 25 pages nous entraîne dans un village, auparavant
joyeux et ensoleillé, mais dont l’ombre funeste de la guerre voile
à présent les habitants. Félicité, une jeune paysanne amoureuse,
nous raconte par un petit poème sa tragique histoire en commençant
avant l’arrivée d’un fléau où tout était encore d’un calme
religieux, jusqu’au drame deviné qui aboutira à sa fuite dans la
forêt.
Elle trébuche sur des racines de honte, se couvre d’un
manteau cousu d’embarras,
tâtonne sur les chemins
de ses souvenirs, apeurée mais résolue, elle parvient à nous
dévoiler son indicible cauchemar. C’est une victime, son corps est
imprégné à jamais de sa douleur, une marque qu’on ne voit mais
qu’on ressent. Son témoignage la délivre et le fruit de son viol,
tant maudit, finira par trouver raison de vivre en elle et sera même
accueilli. On a tendance à oublier les femmes, parmi les victimes de
la guerre, leur destin souvent effroyable qui les souille à vie,
elles qui sont cibles et convoitise des hommes dans leur aspects les
plus barbares. Ce poème dramatique s’écoule à flots rapides mais
légers dans le courant de l’histoire et nous sommes entraînés
malgré nous dans l’obscurité du cours d’eau, noyés dans la
noirceur des évènements.
Coup
de cœur ou coup de grâce, cette sentence du lecteur ne sera
influencée que par sa sensibilité et son intérêt pour le sujet.
Il est vrai que le style d’écriture ne facilite pas la lecture
mais, malgré ce détail quelque peu déroutant, on ne peut nier ce
vent invisible et cette main incontrôlable qui tourne pour nous, à
l’allure effrénée, ces 25 pages au caractère passionnant et
mystérieux. Cette envie de connaître la suite nous ronge, elle nous
mord comme un chien affamé et ce petit livret de poésie dramatique
est lu d’une traite. Il fait s’émerger en nous des émotions
souvent oubliées par une vie moderne ou le temps et l’argent
règnent en maître absolu, des sentiments de compassion voire même
de pitié. Nous sommes émus, nous voulons l’aider à tout prix
cette petite, nous voulons lui rendre justice, être là pour elle.
Cependant, ne négligeons tout de même pas le réalisme de cette
histoire, elle n’est pas si fictive qu’elle en a l’air. Ce
n’est peut-être pas une Félicité dans notre monde mais une
Charlotte ou une Justine. Ce n’est peut-être pas une adolescente
mais une enfant ou une femme mûre. De plus, ces lignes nous
rappellent l’injustice de la vie, présente tout autour de nous.
En
conclusion, si vous êtes de ces amateurs de livres fantasmagoriques
qui ne jurent que par l’action ou les super héros, vous risquez
d’être déçus et nullement touchés par cette histoire. Ici, on
est dans la vraie vie, il n’y a pas de super héros, juste une
réalité désespérée. Et, pour tout autre lecteur, assidus,
passionné, torturé par l’envie de lire ou non, si vous n’avez
pas un cœur de pierre, je vous recommande vivement ce poème
dramatique de la collection « Le Tarmac chez Lansman ». A
vos larmes, c’est parti !
Amélie
DENDAL
Le livre
critiqué cette semaine est la pièce de théâtre de Jean-Marie
Piemme : Dialogue d’un chien avec son
maître sur la nécessité de mordre ses amis.
Mais quel titre ! On nous annonce déjà la couleur de la pièce,
un brin décalée ? humo-ristique ? ou bien un
développement sur la morale ? A la lecture du petit ouvrage, on
cons-tate que la pièce n’est pas du tout axée sur la nécessité
de mordre ses compères.
C’est
l’histoire d’un type. Ou plutôt de deux types. Ou plus
exactement d’un type et d’un chien. Ou plus exactement encore de
deux grandes gueules qui n’ont pas peur de dire les choses telles
qu’elles sont, de deux «dikkeneke», comme on dit chez nous. En
somme, de deux grosses têtes à claques qui n’hésitent d’ailleurs
pas à s’en donner. C’est la rencontre entre un père désespéré
de revoir sa fille chérie et un chien inconscient et SDF à la
recherche de nourriture quelle qu’elle soit (la main d’un
cada-vre putréfié!?).
Cette
pièce traite de thèmes pas très beaux et bien évidemment, pas
pris avec des pincettes, mais qui font la vie de tous les jours.
Prenons l’exemple du portier : vie misérable dans une
caravane miteuse avec un boulot dévalorisant pour un salaire
dérisoire. Le seul soleil dans sa vie c’était sa petite fille.
« C’était » car les services sociaux la lui ont prise.
Cette situation est celle de milliers de personnes dans ce monde,
voire plus, et bien plus près de chez nous qu’on ne le croit. Ce
même portier rencontre un jour un chien, venant de provoquer un
caram-bolage sur la nationale, juste pour exploser son record
personnel de voitures embouties, un léger énervant et sans gène
genre « j’m’invite chez toi, c’est pas grav’ te bouch’
pas, j’sais où est l’frigo. Quoi ! T’as pas d’bières ?!».
Bref,
avis mitigé. Le fond de l’histoire est mordant, le père fait tout
pour récupérer sa fille avec l’aide du chien devenu son ami, mais
la vulgarité, la violence du maître envers le chien et l’humour
exagéré efface la belle histoire digne d’un grand film
dra-matique. A lire quand même pour connaitre le dénouement !
Van
Den Abeele S.
La
Libre
Expression
Cette
semaine, La
Libre
Expression
s'est intéréssée au prix «Sony Labou Tansi*» et plus
particulièrement au livre «Écrits
pour la parole»
de Léonora Miano. En effet, nous vous avions demandé, à vous,
chèr(e)s lecteurs, de nous donner votre avis sur une des pièces du
concours et nombreuses ont été les critiques sur cette oeuvre.
Notre «attachée culturelle en chef» a donc réalisé pour vous,
une critique sur ce récit passionnant d'une jeune femme qui lutte
chaque jour contre le racisme.
Ecrits
pour la parole,
ce n'est
pas
l'histoire d'une femme, c'est
l'histoire
de millions de femmes
dans
le monde qui luttent
chaque
jour contre la
discrimination,
le racisme,
le
sexime. L'égalité entre
femmes
et hommes a beau
avoir
été reconnue, nombreuses
sont
encore les différence.
Dans ce récit touchant,
Léonora Miano nous
fait
part de ses expériences,
de
ses humiliations, de
ses
indignations, de sa vie.
Tout
d'abord, le style
d'écriture
est assez original.
En effet, tout le monde
sait qu'une phrase commence par une majuscule, se termine par un
point et est parfois entre-coupée de virgule(s). Cependant, Léonora
n'utilise pas de ponctuation dans ses phrases ce qui fait toute son
originalité et rend les récits intéressants à lire. De plus, le
livre est composé de plusieurs histoires de longueurs différentes,
toujours sur le même thème bien entendu! Nous ne sommes donc jamais
lassés car les récits varient. Bref, si vous voulez sortir de la
banalité des livres que vous lisez d'habitude, vous allez adorer!
Ensuite,
cette oeuvre est d'actualité. Il est vrai que de nos jours, les
droits des femmes de couleurs sont plus importants qu'à l'époque.
Cependant, nombreuses sont encore les personnes qui restent
conservatrices et n'acceptent pas la différence. Cette différence,
Léonora nous la fait découvrir dans ses récits. Chaque femme,
chaque être humain peut s'identifier à elle. Et, même si dans nos
régions, la discrimination raciale est peut-être moins développée
que dans d'autres pays, c'est un sujet qui touche chacun d'entre nous
ou, s'il ne nous touche pas directement, il touche d'autres femmes
qui elles aussi ont droit au soutien et à la solidarité. Donc, si
vous aimez les histoires vraies, justes, qui reflètent des valeurs,
vous allez apprécier.
En
conclusion, «Écrits
pour la parole»
de Léonora Miano est une oeuvre touchante, poignante, qui reflète
la réalité cachée de la société actuelle dans de nombreux pays.
La question est allez-vous faire comme tout le monde; fermer les yeux
et faire comme si de rien n'était? Ou allez-vous lire cette oeuvre
et soutenir Léonora pour prouver que chaque individu a sa place dans
le monde? Mon choix est fait. Héloïse SOURICE