vendredi 15 mars 2013

5D Athénée Royal de Waterloo Scène imaginaire mettant en scène 3 personnages de 3 pièces différentes

Prix « Sony Labou Tansi » des Lycéens 2012/2013.
Travail écrit à réaliser : - Imaginer et écrire une scène dans laquelle trois personnages issus de trois pièce différentes se rencontreraient et échangeraient leurs points de vue. Qu’auraient-ils à se dire ? Quels seraient leurs sujets de conversation ?


Mise en scène : Dans un hôtel à Kinshasa Félicité vient rencontrer un avocat qui l’aidera à avoir des papiers pour aider son fils à quitter le pays et étudier à l’étranger. Le portier lui, est envoyé à Kinshasa par sa chaîne hôtelière, il devient alors portier dans ce grand hôtel de la capitale. Quant à Madeleine, elle est en déplacement pour la RDC afin de traduire des documents officiels pour le gouvernement, elle loge dans ce même hôtel depuis déjà une semaine.



Madeleine : Voilà une belle journée pour traduire 5000 mots, aujourd’hui c’est décidé je ne vais pas à la piscine, je reste dans ma chambre et je traduis ! Je ne voudrais pas avoir du retard, ça fait déjà une semaine que je suis ici et je n’ai même pas fait la moitié de mon boulot.

***
    Félicité : Qu’est-ce que c’est impressionnant ces grands immeubles, je n’ai jamais vu de bâtiment pareil à celui-ci, ça change des maisons du village ! Bon mon petit, (s’adressant à son fils de cinq ans) nous devons trouver cet avocat qui te permettra peut-être d’avoir une meilleure vie, du moins meilleure que celle qui t’attend ici. Je te laisse à la garderie et je file à l’accueil.

***
      Roger : Quelle chaleur, je regrette ma bonne vieille caravane ! Enfin bon, je suis bien content de changer d’air, l’Afrique n’est-ce pas un bon départ pour une nouvelle vie ? De nouvelles habitudes me feraient un bien énorme. Maintenant, il faudrait que j’en aie le courage !

       ***




Quelques heures plus tard, tous les trois bloqués dans l’ascenseur de l’hôtel,
Ils firent connaissance…


Madeleine : Puisque nous sommes ici, coincés pour un bon moment, ne pensez-vous pas que nous puissions faire connaissance ? Ça nous permettra peut-être de faire passer le temps. Je m’appelle Madeleine, je suis ici pour mon métier mais en parallèle je fais des recherches sur des étudiants chinois ayant été emprisonnés pour avoir sali l’image du dictateur, Mao Tsé-toung. Je peux paraître un peu dingue de vous parler de ceci, mais j’aimerais écrire une lettre à ces étudiants et pour cela il me faut des idées, des avis, toutes choses qui pourraient m’inspirer.  

Félicité :   Bonjour Madeleine, moi je m’appelle Félicité. Je suis congolaise et la raison pour laquelle je suis ici, c’est parce que je viens de quitter mon village pour mon fils. Vous devriez sûrement vous dire que je suis jeune pour une maman ! En fait, il y a cinq ans une guerre s’est produite dans mon village et pleins d’accidents se sont produits, mon fils en a fait partie. Aujourd’hui, il a exactement cinq ans et j’aimerais lui offrir un avenir autre que celui que j’ai connu à la campagne. Je viens rencontrer un avocat pour nous aider. Es-tu maman toi Madeleine ? Et vous monsieur, qui êtes-vous ? Êtes-vous également parent ?

Roger :   Je m’appelle Roger, je suis le portier de l’hôtel comme vous pourrez le remarquer. Pour répondre à ta question jeune fille, oui je suis papa. Ma fille ne vit pas avec moi, elle est restée au États-Unis dans une famille d’accueil car je ne pouvais m’en occuper. Je me sens mal de vous dire cela car c’est comme une honte de ne pouvoir prendre soin de son propre enfant.

Madeleine :   Félicité je te trouve vraiment courageuse pour ton jeune âge ! Non, je ne suis pas maman. Il y a longtemps que j’en ai voulu mais je n’ai malheureusement pas trouvé la personne avec qui fonder une famille. Alors depuis, je me consacre entièrement à mon travail. Roger, il y a des milliers de cas comme le vôtre, certes cela ne reflète pas forcément une bonne image mais chacun a ses raisons.

Félicité :    Madeleine a tout à fait raison monsieur Roger. Mais, comment avez-vous pu laisser les assistantes sociales vous retirer votre fille sans même vous être battu pour elle ? Jamais je ne laisserais qui que ce soit m’enlever mon petit garçon même si c’était son maudit de père.

Roger :    Bien sûr que oui je me suis battu, mais il est vrai qu’auparavant, j’en suis arrivé à un stade où je ne savais plus gérer ma propre vie. Je n’avais aucun équilibre, je vivais dans une caravane et je ne connaissais même pas le rangement. Il fallait bien que ma fille soit placée ! Bien que quelques années plus tard j’ai voulu la récupérer, je n’ai, d’après les assistantes, pas assez fait d’efforts que pour mériter sa garde. Depuis, je suis parti ici car je n’ai plus le courage de me battre, je ne sais même pas comment pourrai-je le faire, sans aucune motivation. Madeleine, explique moi, dis-moi comment je dois faire pour me battre pour une cause, comment puis-je me faire entendre !

Madeleine :   Tout d’abord je pense que vous devriez vous poser des objectifs. Ils deviendront probablement votre source de motivation. Tout comme ces étudiants chinois, ils dénonçaient les injustices dans leurs pays et leurs motivations étaient sans doute : une société juste, des conditions de vie acceptables, la dignité. Demandez-vous ce qui vaudrait la peine d’un combat pur et dur contre vous-même. Je pense Roger que vous ne devrez pas chercher très loin pour vous trouver une source de motivation.
                    Et même si votre première tentative a échoué, ce n’est pas une raison pour baisser les bras et fuir le continent pour ne plus faire face à ses démons. Car peu importe où vous serrez, ils vous poursuivront !

Félicité :   Bien dit ça Madeleine. Oui monsieur Roger, il faut combattre ses démons quoi qu’il arrive. Au début de ma grossesse, j’ai voulu nier mon fils, je le haïssais même. Je ne voulais pas le reconnaitre car il venait d’un homme dont je ne connaissais même pas le nom. Je me sentais salie par ce petit être dans mon ventre et pourtant, j’ai fais face à la réalité. Les choses étaient faites ainsi, rien n’arrive par hasard et ce jour là, le hasard m’a apporté un enfant. Aujourd’hui, cinq ans après je me bats encore et toujours pour lui car peu importe la manière dont je dois le faire, mon unique et seule motivation c’est son bonheur. Sachez monsieur qu’un enfant peut changé le cours de toute une vie ! Il peut à la base être une contrainte et devenir au fil du temps votre raison de vivre.


Après deux heures bloqués dans cet ascenseur, les voici enfin libérés…


Roger :    Ah, ce n’est pas trop tôt ! Mesdames, je suis ravi d’avoir fait votre connaissance, cela me ferait énormément plaisir de vous revoir afin de poursuivre notre conversation. Il y a bien longtemps que je ne m’étais plus confié de la sorte. Madeleine, courage pour votre travail et si vous désirez une aide pour la rédaction de votre lettre, je me prêterai volontiers au jeu. Quant à toi Félicité, je me ferai une joie de rencontrer ton petit et bonne continuation ! Bonne fin de journée et à très bientôt.


Madeleine :   Pareillement Roger, je vous tiendrez au courant mais avant ça je dois finir mon travail ici ! Je vous souhaite pleins de bonnes choses ici à Kinshasa mais je vous souhaite avant tout de trouver la force de vous reconstruire, de mieux vous connaître afin de réaliser vos objectifs. Félicité ma grande, reste forte et si tu as besoin d’un coup de main, j’ai des connaissances au sein du gouvernement congolais. Au revoir à vous !

Félicité :    Merci à vous pour vos gentils mots, cela me fait très chaud au cœur. Je retiendrai au moins une chose de notre longue conversation : il ne faut pas baisser les bras pour un but que l’on s’est fixé et peu importe la difficulté de l’obstacle, tant que la motivation est présente, rien ni personne peut nous empêcher

                                                                                                        ACLAN, Janine

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire