mardi 8 janvier 2013

Journal intime fictif - Je pense à Yu de C. Fréchette - Les 4t de Saint-Raphaël Remouchamps


 
Journal intime d'un personnage qui aurait pu rencontrer ceux de  ''Je pense à Yu'' de C. Fréchette :


Quelle guigne !



Introduction : Voici quelques pages du journal intime d’un prisonnier codétenu de Yu Dongyue. Ce sont les seuls que nous avons pu déchiffrer. Selon nos sources, le journal aurait été brûlé par les autres détenus de cet enfer carcéral. Elles sont l’une des dernières traces existante révélant les atrocités vécues par les personnes incarcérées avec lui.

*

Jour 1 : 00h01 : Cher journal, aujourd’hui je commence à écrire. Ma nouvelle vie, si on peut appeler ça une vie, débute à compter de ce jour. Pour commencer je voudrais te décrire en détail l’enfer dans lequel je vais passer les cinquante prochaines années : Dans l’atmosphère plane une odeur inqualifiable, un mélange entre transpiration, urine, vomit, … De quoi satisfaire les plus grands parfumeurs en mal de nouveauté et d'effluves exotiques. Le grincement métallique que font les portes des cachots me rend fous. Elle s’ouvre, se referme sans arrêt à croire qu’il y a un mécanisme qui les fait bouger afin de rendre notre pénitence plus horrible encore ! Tyueg, mon voisin de cellule, crie sans arrêt qu’il est innocent, que c’est son père décédé qui lui auraient demandé de le venger et de tuer sa mère (Elle est l’une des principales suspectes du meurtre de celui-ci). Je suis assis dans ma cellule deux mètres sur trois, un petit lavabo dans lequel c’est formé une épaisse croute de calcaire et un petit sceau me servant de commodité. J’ai du mal à me mettre en tête que c’est ici et nulle part ailleurs que je vais vivre désormais. Tout ça pour avoir insulter ouvertement Mao devant mes camarades ! Quelle guigne !



Jour 2 : 16h21 : Cher journal, voilà le deuxième jours que je t’écris, un de plus ou un de moins, c’est toi qui vois. Quand j’étais encore chez moi, en compagnie de ma femme et de mes enfants, je menais un véritable combat pour survivre, nous étions une famille à très faibles revenus et j’avais l’impression que mon existence n’était alors qu’un enfer mais aujourd’hui j’ouvre les yeux et me rend compte que le véritable enfer c’est quand on a tout perdu ! Ha, ma tendre Ling, ma fille ! Je ne souhaite qu’une seule chose, les revoir ! Si tu savais comme je m’en veux ! Non pas pour avoir insulté ce vieux tirant mais pour avoir abandonné ma famille à la misère. Mao un jour j’aurais ta peau ! J’enrage, je rumine, si seulement on pouvait mettre ce vieux con en face de moi, je le tuerais de sang froid ! Tant d’année qu’il martyrise notre peuple, qu’il insulte notre belle nation par ses idéaux antisociaux ! J’avais des rêves de libertés et voilà ou j’en suis ! J’en viens presque à me demander si le jeu en valait la chandelle ! Si ! Je ne dois pas abandonner le combat, je dois continuer à défendre mes convictions quoi qu’il advienne ! J’ai entendu que se tenait actuellement une grande manifestation sur la place Tiananmen, bon sang, il était temps que les esprits se réveillent ! Malheureusement je ne pourrais pas y participer ! Quelle guigne !



Jour 3 : 18h10 : Cher journal, aujourd’hui sont arrivé trois jeunes gens, apparemment ils étaient présent sur la place Tienanmen, je t’en dis plus dès que je serais en mesure de t’en apporter plus. Les pauvres ils arrivent sans même se douter des atrocités qu’ils vont subir tout au long de leur petit séjour ! Je suis fatigué, des prisonniers (trois hommes) sont venu me tabasser durant la nuit aux environ de trois heures. Je n’en peux plus, la nuit était le seul moment durant lequel je pouvais, en parties, oublier le calvaire de la journée ! Désormais j’ai peur qu’ils recommencent et je ne vais certainement pas fermer l’œil ce soir ! Je n’ai pas la force d’écrire je suis trop fatigué ! Quelle guigne !



Jour 4 : 20h48 : Cher journal, aujourd’hui j’en sais plus sur les trois jeunes personnes arrivé hier, ils participaient à la manifestation sur la place Tienanmen. L’un d’entre eux, Yu Dongyue sera, en quelque sorte, mon colocataire durant toute la durée de sa sentence. J’ai évité de lui poser trop de questions, car, comme moi, il est complètement déstabilisé par sa situation. Cependant il me tardait de savoir pourquoi il avait été enfermé et par chance je n’ai pas eu à l’interroger, il me l’a dit par lui-même. Il à lancer de la peinture sur l’immense portrait de Mao. Je n’ai pas pu m’empêcher de crier « Ha, bien fait pour sa gueule. ». Évidemment cela a fait du remous dans la prison et j’ai eu droit au sermon du surveillant en Chef. Je n’ai plus intérêt à faire ce genre de remarque sinon je risque l’isolement. Je pense que Yu et moi allons bien nous entendre, nous avons tous deux des intérêts commun et sommes bien conscient de ce pourquoi nous nous sommes battus. Dommage que nous nous sommes rencontrés dans cet endroit sinistre. Quelle guigne !



Jour 5 : 20h30 : Cher journal, le pire jour de mon existence ! Je ne sais pas pourquoi mais les autres prisonniers se sont mis en tête de nous passer à tabac ! Il est vrai que nous avons l’aspect chétif mais pourquoi nous ? Nous-nous sommes battus pour leurs intérêts, ils pourraient au moins nous montrer un peu de respect quand même ! Non, au lieu de ça ils nous matraquent avec des chaussettes qu’ils ont préalablement fourré avec des savonnettes. Les amis de Yu sont venus à notre rescousse mais eux aussi ont pris cher ! Résultat des courses, maintenant ils sont eux aussi la cible de ces brigands. Aurais oublié de préciser que Yu n’ai pas venu seul ? Il est venu accompagner de deux de ses camarades ; Yu Zhijian et Lu Decheng. Ils sont tous deux inculpé pour les mêmes motifs que lui. Après cette mésaventure, j’ai remercié chacun d’eux pour le courage dont ils ont fait preuve en essayant de nous aider. Quelles atrocités va-t-il encore nous arrivé ? Ne sommes-nous pas assez punis ? J’en ai marre, je ne voulais que le bien de notre peuple ! Pourquoi un homme qui est censé nous protéger nous rend la vie aussi dure ! Je n’en peux plus ! J’arrête pour aujourd’hui ! Quelle guigne !



Jour 6 : 7h00 : Cher journal, cette nuit encore, une bande de prisonniers c’est attaqué à nous ! Ils nous ont versé de l’eau bouillante sur la figure et brûler grâce à des câbles en cuivre qu’ils ont récupéré dans les ateliers et chauffé à blanc. Je suis défiguré, mon visage est recouvert de draps de lit que j’ai déchiré et passer à l’eau afin de calmer la douleur. Yu s’en sort avec de petites brûlures sur les mains et le nez. Je suis fatigué et à bout de souffle, je commence tout doucement à penser au suicide. Jusque-là c’est resté un sujet tabou mais à présent j’y songe sérieusement ! Toute fois je ne compte pas mourir en vain ! Mao ne l’emportera pas sur moi ! Je vais marquer ma mort par un grand coup ! Cet homme m’a déshonoré, souiller et il m’a retiré ma famille. Je réfléchis, je potasse mais je vais trouver comment ma mort va servir de leçon à tous ! Tout à l’heure j’irais retrouver Yu dans la cours, nous sommes devenu de bons amis en très peu de temps, évidemment il n’est pas au courant de mon projet, si je lui disais il ne me laisserait pas faire. Je ne reverrais plus jamais ma femme ni ma fille, elle était ma raison de vivre et… et… et… Je suis perdu ! Quelle guigne !



Jour 7 : 9h00 : Cher journal, oublions le suicide, à quoi servirait-il ? Un mort de plus ou un de moins, qu’est-ce que cela pourrait changer ? De plus, hier soir j’ai rêvé de ma femme, elle était assise au bord de la mer, le soleil illuminait son visage et elle me demandait de la rejoindre. Il ne faut pas que j’abandonne, un jour peut-être j’aurais la possibilité de les retrouvées elle et ma fille et ce jour sera l …………………………………………………………………………..

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Malheureusement nous n’avons pas pu retrouver la suite des pages de son journal. Tout ce que nous savons c’est que ce prisonnier est décédé peu de temps après le « jour 7 » des nombreux coups que lui ont assenés les détenus.







 




 


, elle était en train d'ouvrir un sac et d'y déposer nos vêtements. Et à nous la belle vie.

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