Journal
intime d'un personnage qui aurait pu rencontrer ceux de ''Je
pense à Yu'' de C. Fréchette :
Quelle
guigne !
Introduction :
Voici quelques pages du journal intime d’un prisonnier codétenu de
Yu Dongyue. Ce sont les seuls que nous avons pu déchiffrer. Selon
nos sources, le journal aurait été brûlé par les autres détenus
de cet enfer carcéral. Elles sont l’une des dernières traces
existante révélant les atrocités vécues par les personnes
incarcérées avec lui.
*
Jour
1 : 00h01 : Cher journal, aujourd’hui
je commence à écrire. Ma nouvelle vie, si on peut appeler ça une
vie, débute à compter de ce jour. Pour commencer je voudrais te
décrire en détail l’enfer dans lequel je vais passer les
cinquante prochaines années : Dans l’atmosphère plane une
odeur inqualifiable, un mélange entre transpiration, urine, vomit, …
De quoi satisfaire les plus grands parfumeurs en mal de nouveauté et
d'effluves exotiques. Le grincement métallique que font les portes
des cachots me rend fous. Elle s’ouvre, se referme sans arrêt à
croire qu’il y a un mécanisme qui les fait bouger afin de rendre
notre pénitence plus horrible encore ! Tyueg, mon voisin de
cellule, crie sans arrêt qu’il est innocent, que c’est son père
décédé qui lui auraient demandé de le venger et de tuer sa mère
(Elle est l’une des principales suspectes du meurtre de celui-ci).
Je suis assis dans ma cellule deux mètres sur trois, un petit lavabo
dans lequel c’est formé une épaisse croute de calcaire et un
petit sceau me servant de commodité. J’ai du mal à me mettre en
tête que c’est ici et nulle part ailleurs que je vais vivre
désormais. Tout ça pour avoir insulter ouvertement Mao devant mes
camarades ! Quelle guigne !
Jour 2 :
16h21 : Cher journal, voilà le deuxième
jours que je t’écris, un de plus ou un de moins, c’est toi qui
vois. Quand j’étais
encore chez moi, en compagnie de ma femme et de mes enfants, je
menais un véritable combat pour survivre, nous étions une famille à
très faibles revenus et j’avais l’impression que mon existence
n’était alors qu’un enfer mais aujourd’hui j’ouvre les yeux
et me rend compte que le véritable enfer c’est quand on a tout
perdu ! Ha, ma tendre Ling, ma fille ! Je ne souhaite
qu’une seule chose, les revoir ! Si tu savais comme je m’en
veux ! Non pas pour avoir insulté ce vieux tirant mais pour
avoir abandonné ma famille à la misère. Mao un jour j’aurais ta
peau ! J’enrage, je rumine, si seulement on pouvait mettre ce
vieux con en face de moi, je le tuerais de sang froid ! Tant
d’année qu’il martyrise notre peuple, qu’il insulte notre
belle nation par ses idéaux antisociaux ! J’avais des rêves
de libertés et voilà ou j’en suis ! J’en viens presque à
me demander si le jeu en valait la chandelle ! Si ! Je ne
dois pas abandonner le combat, je dois continuer à défendre mes
convictions quoi qu’il advienne ! J’ai entendu que se tenait
actuellement une grande manifestation sur la place Tiananmen, bon
sang, il était temps que les esprits se réveillent !
Malheureusement je ne pourrais pas y participer ! Quelle
guigne !
Jour
3 : 18h10 : Cher journal,
aujourd’hui sont arrivé trois jeunes gens, apparemment ils étaient
présent sur la place Tienanmen, je t’en dis plus dès que je
serais en mesure de t’en apporter plus. Les pauvres ils arrivent
sans même se douter des atrocités qu’ils vont subir tout au long
de leur petit séjour ! Je suis fatigué, des prisonniers (trois
hommes) sont venu me tabasser durant la nuit aux environ de trois
heures. Je n’en peux plus, la nuit était le seul moment durant
lequel je pouvais, en parties, oublier le calvaire de la journée !
Désormais j’ai peur qu’ils recommencent et je ne vais
certainement pas fermer l’œil ce soir ! Je n’ai pas la
force d’écrire je suis trop fatigué ! Quelle guigne !
Jour
4 : 20h48 : Cher journal, aujourd’hui
j’en sais plus sur les trois jeunes personnes arrivé hier, ils
participaient à la manifestation sur la place Tienanmen. L’un
d’entre eux, Yu Dongyue sera, en quelque sorte, mon colocataire
durant toute la durée de sa sentence. J’ai évité de lui poser
trop de questions, car, comme moi, il est complètement déstabilisé
par sa situation. Cependant il me tardait de savoir pourquoi il avait
été enfermé et par chance je n’ai pas eu à l’interroger, il
me l’a dit par lui-même. Il à lancer de la peinture sur l’immense
portrait de Mao. Je n’ai pas pu m’empêcher de crier « Ha,
bien fait pour sa gueule. ». Évidemment cela a fait du remous
dans la prison et j’ai eu droit au sermon du surveillant en Chef.
Je n’ai plus intérêt à faire ce genre de remarque sinon je
risque l’isolement. Je pense que Yu et moi allons bien nous
entendre, nous avons tous deux des intérêts commun et sommes bien
conscient de ce pourquoi nous nous sommes battus. Dommage que nous
nous sommes rencontrés dans cet endroit sinistre. Quelle guigne !
Jour
5 : 20h30 : Cher journal, le pire jour
de mon existence ! Je ne sais pas pourquoi mais les autres
prisonniers se sont mis en tête de nous passer à tabac ! Il
est vrai que nous avons l’aspect chétif mais pourquoi nous ?
Nous-nous sommes battus pour leurs intérêts, ils pourraient au
moins nous montrer un peu de respect quand même ! Non, au lieu
de ça ils nous matraquent avec des chaussettes qu’ils ont
préalablement fourré avec des savonnettes. Les amis de Yu sont
venus à notre rescousse mais eux aussi ont pris cher ! Résultat
des courses, maintenant ils sont eux aussi la cible de ces brigands.
Aurais oublié de préciser que Yu n’ai pas venu seul ? Il est
venu accompagner de deux de ses camarades ; Yu Zhijian et Lu
Decheng. Ils sont tous deux inculpé pour les mêmes motifs que lui.
Après cette mésaventure, j’ai remercié chacun d’eux pour le
courage dont ils ont fait preuve en essayant de nous aider. Quelles
atrocités va-t-il encore nous arrivé ? Ne sommes-nous pas
assez punis ? J’en ai marre, je ne voulais que le bien de
notre peuple ! Pourquoi un homme qui est censé nous protéger
nous rend la vie aussi dure ! Je n’en peux plus !
J’arrête pour aujourd’hui ! Quelle guigne !
Jour
6 : 7h00 : Cher journal, cette nuit
encore, une bande de prisonniers c’est attaqué à nous ! Ils
nous ont versé de l’eau bouillante sur la figure et brûler grâce
à des câbles en cuivre qu’ils ont récupéré dans les ateliers
et chauffé à blanc. Je suis défiguré, mon visage est recouvert de
draps de lit que j’ai déchiré et passer à l’eau afin de calmer
la douleur. Yu s’en sort avec de petites brûlures sur les mains et
le nez. Je suis fatigué et à bout de souffle, je commence tout
doucement à penser au suicide. Jusque-là c’est resté un sujet
tabou mais à présent j’y songe sérieusement ! Toute fois je
ne compte pas mourir en vain ! Mao ne l’emportera pas sur
moi ! Je vais marquer ma mort par un grand coup ! Cet homme
m’a déshonoré, souiller et il m’a retiré ma famille. Je
réfléchis, je potasse mais je vais trouver comment ma mort va
servir de leçon à tous ! Tout à l’heure j’irais retrouver
Yu dans la cours, nous sommes devenu de bons amis en très peu de
temps, évidemment il n’est pas au courant de mon projet, si je lui
disais il ne me laisserait pas faire. Je ne reverrais plus jamais ma
femme ni ma fille, elle était ma raison de vivre et… et… et…
Je suis perdu ! Quelle guigne !
Jour
7 : 9h00 : Cher journal, oublions
le suicide, à quoi servirait-il ? Un mort de plus ou un de
moins, qu’est-ce que cela pourrait changer ? De plus, hier
soir j’ai rêvé de ma femme, elle était assise au bord de la mer,
le soleil illuminait son visage et elle me demandait de la rejoindre.
Il ne faut pas que j’abandonne, un jour peut-être j’aurais la
possibilité de les retrouvées elle et ma fille et ce jour sera l
…………………………………………………………………………..
*
Malheureusement
nous n’avons pas pu retrouver la suite des pages de son journal.
Tout ce que nous savons c’est que ce prisonnier est décédé peu
de temps après le « jour 7 » des nombreux coups que lui
ont assenés les détenus.
, elle était en train d'ouvrir un sac et d'y déposer nos vêtements. Et à nous la belle vie.
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