vendredi 15 mars 2013

5D AR Waterloo, Critique de "La scaphandrière"

Critique-littéraire
« La Scaphandrière » de Daniel Danis, un récit de songes en 2 dimensions.
Photo de Daniel Danis, auteur de la Scaphandrière. Fournie par FOCUS 1
Sur les rives du Lac Loque, au cœur de P’titville, une petite ville sous l’hémisphère sud, Pierre-Aimé essaie de survivre au milieu de sa famille de misère. Son père, Azarias, pêcheur et cueilleur de perles au corps fatigué, sa mère, Rose-Année, perdue et sa sœur, Philomène ou « phénomène » une adolescente de 16 ans qui ne pense qu’à « se gribouiller la face ». Pierre, voulant échapper à ce quotidien, passe son temps à aller à l’école ainsi qu’à construire des cabanes dans les bois. Là, il peut s’évader et rêver tranquillement tandis que ses parents attendent la pêche miraculeuse de cette huître à perle rouge capable de procurer une grande richesse. Mais le lac maléfique disloque petit à petit le cerveau des plongeurs et engloutit un à un tout ceux qui se voient fouiller ses entrailles. Après avoir assassiné Azarias, il engloutit la mère et finalement, après avoir dépensé les économies dont ils avaient hérités, la sœur ainée se voit devoir plonger dans les eaux du Loque pour finalement suivre le même destin, ou presque, que ses paternels. 
           
Photo de Krista Boggs illustrant le Lac Loque
Au son de la sirène des disparus, Pierre-Aimée, vouant un amour fraternel incalculable va construire en une nuit une « machine-scaphandre » afin d’aller secourir sa chère sœur.
Daniel Danis signe une magnifique histoire, malgré le caractère morbide de celle-ci. Un photo-récit, un terme adéquat pour définir la quantité d’images harmonieuses et douces qui surgissent de cette poésie ravageuse. Daniel nous fait voyager de décor en décor, comme lors des plongées de Philomène, les images s’effacent, le décor s’assombrit, c’est un changement de dimension pour le lecteur. On peut dire de ce texte qu’il est le fruit d’un mariage entre un amour fraternel qui semble pouvoir déplacer des montagnes et la quête d’un bonheur idyllique. Un conte aux multiples interprétations ainsi qu’une belle leçon de vie et d’espoir. Les émotions que nous font ressentir cette histoire sont des plus belles malgré son contexte, un véritable hymne à l’amour fraternel, La Scaphandrière immerge le spectateur dans les limbes bleutés et pacifiques de l’imaginaire, quand à la surface la laideur fait trop souvent loi… Un livre à lire et à voir également au théâtre.
Camille Baumier-Navas

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