AR Waterloo - Critique de Je pense à Yu

Critique du texte Je pense à Yu de Carole Fréchette

par Stéphanie Henri-Jaspar

Trois Chinois prêts à risquer leur vie pour un moment de vérité !

L’œuvre, basée sur des faits réels, suscite la méditation et le questionnement.  L'histoire de Yu nous interroge sur ce qu'il faut faire pour agir au quotidien. Quels gestes doit-on poser ? Quand doit-on être raisonnable ?

Le livre Je pense à Yu est un livre de septante pages écrit par Carole Fréchette qui a été édité en 2006 par Actes sud-papiers. Carole Fréchette a écrit une quinzaine de pièces traduites en plusieurs langues et jouées partout dans le monde. Sa pièce Je pense à Yu  a déjà été créée au théâtre.

Un matin, alors qu’elle lisait le journal, Madeleine tomba sur un entrefilet l’informant de la libération de Yo Dongyue, un journaliste chinois emprisonné pendant dix-sept ans pour avoir lancé de la peinture sur le portrait de Mao Tsé-Toung, lors de la révolution de mai ‘89. Obnubilée par cette histoire, elle fera tout pour découvrir ses motivations, quitte à délaisser son travail et ses obligations envers son élève…

Madeleine, le personnage principal, incarne progressivement  à elle toute seule son sens de la révolte, ce qui est captivant. Elle ne fait pas que constater les faits, elle va plus loin dans son raisonnement, se pose une multitude de questions, donne des hypothèses, puis revient  aussitôt dessus. En l’entendant parler sur ceux qui préfèrent tout accepter sans rien dire, qui se résignent face au pouvoir mis en place et qui n’ont tout simplement pas la conscience du groupe, le lecteur va rapidement connaître le tempérament de l’auteur et, pour certains, y adhérer.

Pourquoi faudrait-il toujours  rentrer dans le moule et tenter de faire comme tout le monde ? Tout au long de l’ouvrage, on obtiendra une réponse personnelle à cette question. Le récit montre également la divergence de caractères.  A travers l’histoire, le lecteur peut s’identifier soit à un des étudiants de la foule qui ne veut pas d’ennuis avec la société et qui donc préfère subir et /ou se taire, soit aux contre-révolutionnaires comme Yu qui a besoin de montrer son désaccord, quitte à y laisser sa peau.

Concernant la présentation du livre, elle est intéressante et originale. La rédaction se fait aussi sous forme de lettres, avec des heures. L’alternance avec les dialogues permet d’aérer l’histoire pour qu’on ne s’en lasse pas. Le seul aspect qui pourrait être déplaisant est le mélange des prises de paroles des différents personnages. Chaque personnage raconte au même moment ce qu’il vit à un de ses proches.  Cet élément rend la présentation un peu désorganisée mais, dans l’ensemble, la présentation est cohérente et agréable. Cette lecture est un réel plaisir !