Je pense à Yu, de Carole Fréchette (critique d’Anaël Denis).

Je pense à Yu, une histoire insensée qui vous fera beaucoup réfléchir à vos façons de penser.

Tombée par hasard sur un article de journal portant sur la sortie de prison de Yu Dongyue , Madeleine n’arrive pas à détacher ses yeux de cet article. Yu a purgé une peine de dix-sept ans pour avoir lancé des œufs sur le portrait de Mao en 1989 sur la place de Tiananmen. Cette histoire révoltante et émouvante devient une obsession pour Madeleine. Entre cinq mille mots à traduire qu’elle laisse traîner et des leçons de français à une jeune chinoise, Lin, qu’elle cesse de reporter, et les visites d’un voisin de bonne volonté mais un peu paumé, Madeleine s’interroge sur la révolution, le combat, le sens de l’histoire de Yu et, enfin, sur sa propre vie.

Je pense à Yu est un livre qui fait réfléchir à la manière dont les gens se comportent face au gouvernement, au pouvoir, à la perte de liberté face à la société. Je trouve ce livre très intéressant car il évoque plusieurs surjets passionnants : le principal est la révolte, mais il parle aussi de l’amour d’une famille, ainsi que du désespoir. Quand le lecteur lit ce livre, il se pose lui-même des questions, comme par exemple : « Comment parler du monde en faisant abstraction de soi ? » ou encore « Comment parler de soi en oubliant le monde ? ». Je pense que ce livre est fait pour que les lecteurs se ressaisissent, qu’ils s’interrogent, qu’ils fassent également bouger le monde. Ce que j’aime aussi, c’est que le lecteur n’a pas seulement l’avis d’une seule personne mais d’autres aussi, car dans cette histoire intervient Lin qui elle-même vient de Chine et qui a totalement une autre vision que Madeleine et le voisin Jérémie qui, lui, ne pense pas révolte. Plusieurs pensées sont donc mélangées et le lecteur peut lui aussi prendre position : « Si j’avais été sur cette place, l’aurais-je aussi fait ? ». Je pense que ce livre est destiné à tout âge à partir de l’adolescence car les enfants ne peuvent pas encore se poser autant de questions, elle concerne tout le monde car chacun a des façons de penser différentes. Je trouve que Carole Fréchette est une très bonne écrivaine, elle écrit d’une manière douce avec un beau français mais en même temps, très facile à comprendre, son livre n’est pas lourd à lire il est, au contraire, léger, très léger.

Pour résumer, ce livre est vraiment bien, il parle d’une histoire qui pourrait se produire un peu partout dans le monde et qui est tout à fait d’actualité, il dénonce le manque de liberté en Chine sous le règne de Mao mais évoque notre propre liberté de choix. Ce livre fait beaucoup réfléchir et il vaut la peine d’être lu car peut-être après sa lecture vous n’aurez peut-être plus la même vision des choses.