mardi 8 janvier 2013

Journaux intimes fictifs liés au Petit Boucher de Cotton par les 4t de Saint-Raphaël Remouchamps


Journal intime d'un personnage lié au Petit Boucher de St. Cotton



Dans le Petit boucher, Félicité raconte sa terrible histoire. Dans ces journaux, les élèves ont imaginé la journal intime qu'aurait pu tenir son enfant plusieurs années après les faits...



Bonjour Ted 2, comment vas-tu ?



Lundi 18 juin 1998,



Aujourd’hui, c’est mon anniversaire, j’ai 12 ans. J’ai reçu mon premier cadeau qui est ce carnet. Je décide de t’appeler Ted comme mon ourson en peluche, car il m’accompagne dans mes épreuves de tous les jours, qui ne sont pas des meilleurs en ce moment d’ailleurs. Après réflexion, tu vas t’appeler Ted 2.



Ted 2, je me présente : je m’appelle Gary, un garçon de petite taille (cela en fait rire plus d’un) aux yeux bruns foncés, aux cheveux noirs. J’habite dans un petit village perdu, pas loin d’une grande ville où tout le monde s’y rend pour trouver du travail, comme ma mère, il y a peu.



Ma mère est une femme courageuse qui m’élève seule. Je ne connais pas mon père, ni ma grand-mère, ni mon grand-père. Bref, je ne connais personne de ma famille. J’ai déjà longuement réfléchi et posé des questions à ma mère, mais toujours sans résultat, elle évite le sujet comme une souris fuit un chat.



Je suis très mal dans ma peau en ce moment et je ne sais pas trop pourquoi, en fait si, il me manque quelque chose… un père, une famille ou peut-être, tout simplement une vérité. Des réponses aux questions que je me pose si souvent et qui restent toujours sans réponse.



Aujourd’hui j’ai entendu par hasard mon institutrice parler avec madame Heck en disant que j’avais un problème psychologique parce que je n’ai pas osé faire mon exposé devant la classe et les moqueries ont continué. Cela commence à ne plus me toucher car elles durent depuis des années, je me suis donc mis dans ma bulle. Au fond, c’est là que je me sens le mieux !



Bonne nuit , Ted 2.





Mardi 19 juin 1998,



Bonjour Ted 2 comment vas-tu ?



Je suis un peu perdu car aujourd’hui je suis allé au supermarché, comme tous les mardis. Durant l’heure de marche pour s’y rendre, ma mère ne m’a pas adressé un seul mot ! Une chose étrange est arrivée. Un homme avec une moustache, vêtu d’un long tablier blanc s’est approché de nous. Cet homme, je ne l’avais jamais vu. Quand on l’a croisé, ma mère m’a pris directement par le bras et on s’est éloigné de lui. Mais il a crié « Félicité, c’est l’enfant ? » Ma mère a couru hors du supermarché en chuchotant «  il nous a retrouvés. » Sur le chemin du retour, j’étais tout bouleversé à cause de cet évènement, les questions se bousculaient dans ma tête. Ma mère ne m’a toujours pas adressé la parole, sans doute était-elle trop occupée à penser et à sangloter. Je ne sais pas ce que je dois faire ? La consoler ? Lui parler ? Aide-moi, Ted 2, pourquoi cela m’arrive t-il ? Je voudrais tellement mener une vie normale … est-ce trop demander ?



Bonne nuit Ted 2.





Mercredi 20 juin 1998,



Bonjour Ted 2 comment vas-tu ?



Aujourd’hui, j’ai posé des questions à ma mère, et, cette fois j’ai eu droit à un bout de vérité, une toute petite phrase qui disait :   « Tout le monde m’a abandonnée à cause de toi et de cet homme ». Ensuite, elle s’est remise à pleurer. Pendant la nuit, je me suis relevé et j’ai vu une lettre sur son bureau qui disait « Chère mère, aujourd’hui ça fait 13 ans que vous m’avez laissée, que vous ne voulez plus me voir, ni m’entendre. Vous affirmez que je suis la honte de la famille. Pourtant tout ça n’est pas ma faute, vous n’avez jamais voulu m’écouter.

J’ai enfin trouvé le courage de vous écrire et de tout vous expliquer. J’ai cette image qui me hante et qui a changé ma vie. Le fantôme de cet homme avec une grosse moustache et ce long tablier blanc hante en permanence mon esprit. J’étais sortie faire une promenade quand cet homme m’a attrapé par derrière et … «  une larme avait dilué son dernier mot. Ma mère avait cessé d’écrire laissant encore une fois planer le mystère. Cette lettre était le début de mes recherches sur l’histoire de ma vie.



Bonne nuit, Ted 2.







Jeudi 21 juin 1998,



Bonjour Ted 2, comment vas-tu ?



J’ai décidé de fouiller la chambre de ma mère. J’ai trouvé une photo d’un homme bien apprêté, derrière on pouvait lire un prénom, j’ai trouvé une photo de famille où ma mère était bras dessus, bras dessous avec lui. Je me demande bien qui il est et ce qu’il représente pour elle.



J’ai ensuite décidé de me rendre au supermarché et de parler avec le boucher. Je lui ai demandé qui il était et pourquoi il avait tenté de parler à maman. Il m’a répondu qu’il tenait une boucherie dans le village de ma mère il y a 13ans. Quand il a appris que ma mère avait dû quitter le village, il a tout fait pour essayer de la retrouver parce que il avait quelque chose d’important à lui dire. J’allais lui demander des précisions, mais malheureusement notre conversation a été interrompue par un client.



Demain je parle à maman !



Bonne nuit Ted 2.





Vendredi 22 juin 1998,



Bonjour Ted 2, comment vas-tu ?



Moi, ça ne va pas du tout, je pleure toutes les larmes de mon corps, j’ai envie de crier ! Ma mère m’a enfin tout raconté. Elle m’a dit que je devais le savoir à présent !



Ted 2, je suis un enfant qui n’a pas été désiré, pire je suis celui qui a brisé la vie de la femme qui m’a justement donné la vie. Tu veux savoir qui est mon père ? C’est ce fameux boucher. Un soir d’automne, ma maman est allée se promener et le boucher ne lui a pas laissé le choix, il l’a violée. C’est affreux... comment est-ce possible ? A cause de cet horrible bonhomme, la vie de ma mère a été anéantie, elle est devenue la honte de sa famille. Ma pauvre mère a dû partir loin, très loin avec un enfant qu’elle n’a pas désiré, et qu’elle n’aime pas car il lui rappelle sans cesse cette triste journée qui a brisé sa vie. Je lui ai demandé qui était cet homme bien sur la photo. Il s’appelle Antonin, c’est l’homme qu’elle a aimé. D’ailleurs elle l’aime toujours, mais il est malheureusement mort à présent.





Maintenant, je comprends le comportement de ma mère envers moi, mais je n’y suis pour rien moi ! Que puis-je faire pour lui venir en aide ?





Bonne nuit Ted 2.



Samedi 23 juin 1998,



Bonjour Ted 2 comment vas-tu ?





Ce matin, le boucher est venu à la maison. Il a présenté ses excuses. Il a expliqué qu’il avait été emporté par le désir. Il croit qu’il suffit de venir dire ça pour que tout soit pardonné ? Les paroles ne sont rien face aux actes ! Quand je pense que cet homme, cette pourriture est mon père j’en ai des nausées !



Bonne nuit Ted 2.





Dimanche 24 juin 1998,



Bonjour Ted 2 comment vas-tu 



 Ma mère a eu le courage d’aller trouver sa famille. Moi aussi j’ai eu du mal à être apprécié dans la famille.



Ma mère a retrouvé un homme dont elle tombée éperdument amoureuse et ils se sont mariés. J’ai aussi rencontré une petite amie qui me rend vraiment très heureux, enfin !



Quand au boucher il a encore violé une jeune fille, mais cette fois, il est en prison.



Comme quoi la roue tourne. Tu sais, dans le fond de moi-même, j’ai toujours su que tout allait s’arranger. Cela te semble impossible, Ted 2? Tu te dis que je divague .. que tout ne peut se faire en un jour .. Tu as vu juste ! Il ne s'agissait que d'un rêve, de mon inaccessible étoile.





Un lourd secret


Ceci est un extrait du journal de Lili-Rose, une jeune fille de 16 ans, qui raconte l'histoire tragique de sa mère. Lili-Rose a décidé de publier son journal afin de faire part de la vie des jeunes filles dans certains pays. Cet extrait est un hommage à sa mère, à qui elle doit tout et à qui elle demande pardon pour tout ce qu'elle a pu dire ou faire.


Lundi, 23 novembre 1995.

Cher journal,

Aujourd'hui c'était le jour-j. Rédaction sur l'un de nos parents.

Crois-moi, j'ai ramé pour raconter l'histoire de ma maman. En même temps, je n'avais pas le choix: je n'ai pas de père.

Bref, cela fait un mois que cette rédaction est prévue, j'ai donc interrogé ma mère tous les jours sur sa vie d'avant, ses origines, ce qu'elle faisait là-bas. J'ai peiné à savoir certaines informations. Elle ne parle pas beaucoup, ma mère, elle évite toujours les sujets qui fâchent, comme son adolescence. Elle n'a JAMAIS voulu m'en dire un mot.

D'ailleurs, quand je lui demande de me parler de papa, elle change de sujet.

Elle a honte de lui ? Il lui a fait du mal ? Il est parti en courant quand il a su que ma mère était enceinte ? Et puis, papa, comment il était ? Beau ou laid ? Grand ou petit ? Comment se sont-ils rencontrés, lui et maman ?

Je m'en pose tellement des questions, et j'en pose tant à maman aussi. Je pense que je l'énerve parfois, mais j'ai 16 ans quoi, ça fait 16 ans que mes amies à l'école me parlent de leur père et que je les écoute, envieuse.

Je me demande comment serait mon papa avec moi. Je pleure parfois car, même si je ne le connais pas, il me manque. J'aimerais tant le rencontrer.

En effet, je ne sais pas, moi, ce que c'est de vivre avec un homme. Ma mère n'a jamais eu personne dans sa vie (en tout cas, pas à ma connaissance) et moi je ne reste jamais longtemps avec « les copains ».

Soit ! Grosse galère aujourd'hui : entendre les gens parler de leur père, ma mère qui a anéanti ma rédaction...chouette journée.

Je sens que j'aurai beaucoup de choses à te dire demain..bisous !


P.S : Je mène ma petite enquête !






Mardi, 24 novembre 1995.

Cher journal,
Hier j'ai fait pleurer ma mère. Après t'avoir écrit, j'ai été manger et elle m'a demandé comment s'était passé ma rédaction, celle qui lui avait valu tant de questions. Elle m'a vexé. « Tant de questions », je l'ennuie tant que ça ? Alors je lui ai dit que si ça l'ennuyait autant de répondre à mes questions, elle n'avait qu'à me présenter mon père ou alors elle n'avait qu'à me répondre et pas en sauter six parce que madame ne sait pas parler. C'est pas vrai ?!

Enfin, là dessus, comme à chaque fois que « je pique une crise », elle m'a fait remarquer que je ressemblais à mon père dans ces moments là. Comme elle joue les victimes quoi, ça m'énerve parfois.

En fin de soirée, j'ai quand même été demander pardon, je n'aime pas être fâchée avec maman.

Merci d'être là journal, tu m'aides beaucoup ! Bisous.
P.S : Mon enquête n'avance pas du tout..





Mercredi, 25 novembre 1995.



             Cher journal,

Tu ne devineras jamais ce que j'ai vu ! Ou plutôt entendu..

Ma mère qui téléphonait, à un homme ! Elle lui proposait de venir manger samedi soir, que l'on pourrait enfin faire les présentations.

Mais c'était qui au bout du fil ? Elle n'a pas d'amis masculins et depuis que je suis là, au plus loin que je me souvienne, elle n'a jamais ramené personne à la maison.
Je n'aime pas imaginer que quelqu'un pourrait entrer dans la vie de maman et donc dans la mienne. Je refuse, mais je ne peux pas en parler à maman, car je l'ai espionnée. Je n'étais pas sensée entendre cette conversation.

Enfin, j'ai le temps d'arranger quelque chose pour que ça tombe à l'eau.

J'ai peur journal, très peur.





Jeudi, 26 novembre 1995.

Cher journal,
Comme prévu, j'essaie de faire tout pour que la soirée de samedi tombe à l'eau. J'ai proposé plusieurs choses à maman : un resto, un ciné, ou même une soirée plateau télé mais c'est non, pour tout.

Tu connais maman en même temps, quand elle a une idée en tête, elle ne l'a pas autre part !

Bref, la galère, je n'ai pas envie de voir cet homme. J'aurais presque envie de m'arranger avec Charlotte pour aller passer la soirée ou même la nuit chez elle. Ma mère n'aime pas que je déloge, mais merde ! Je ne peux rien faire avec elle, je ne peux pas dormir chez des amies, ni sortir, ni fréquenter des garçons, n'en parlons pas ! C'est limite interdit. J'ai 16 ans, je suis majeure dans deux ans et elle ne prend pour une gamine.

Enfin, je m'éloigne du sujet. J'ai envie de fuguer juste pour ne pas assister à cette soirée.
Aide moi mon journal, je ne sais plus quoi faire.

P.S : Je t'avoue que je laisse l'enquête sur mon père un peu de côté, je m'y remets bientôt.





Vendredi, 27 novembre 1995.

Cher journal,
Dernier jour de la semaine, je devrais être contente que ce soit le week-end mais non, même pas, je stresse à mort pour demain, pas parce que je vais voir « l'homme » mais parce que Charlotte et moi, on a monté un plan infaillible Tu veux que je te raconte ?

                1. Je dis à maman qu'il y a un match de basket à l'école et que je ne peux pas le rater car Lisa est la nouvelle mascotte.
                2. Charlotte et moi, on se rejoint dans le parc devant l'école et on va se promener avec les garçons.
                3. On rentre chez Charlotte vers 17h00, (je dirai à ma mère que le match commence à 16h00 jusqu'à 18h00, elle ne s’inquiétera pas de mon retard comme ça).
                4. Je passe la nuit chez Charlotte et je rentre le lendemain en mode : innocente.
Plan d'attaque, je te dis !



                
Samedi, 28 novembre 1995.

Cher journal,
Je rentre..la queue entre les jambes..

Ma mère est hors d'elle, on s'est engueulée !

Elle s'est pointé à l'école à 20h00, pour voir si j'y étais et elle ne m'a pas vu, du coup elle a essayé de me téléphoner, cinq fois ! J'ai quand même répondu pour finir, et je lui ai dit où j'étais, pas le choix. Mais j'étais morte gênée. Elle m'a dit que mon comportement était honteux et elle m'a ramenée à la maison.

Je viens de monter dans ma chambre en ignorant l'homme (ouais, il était toujours là), mais je voulais t'écrire !

Enfin, je descends, ma mère m'appelle.

Je t'embrasse.






Dimanche, 29 novembre 1995.


Cher journal,
               Je ne sais même pas par où commencer..

Hier, quand maman m'a appelée, c'était pour que je vienne souper, et dire bonjour, jusque là rien de grave..

On a mangé dans un silence de mort, trop spécial comme ambiance..

A la fin du repas, maman m'a dit d'aller m'asseoir dans le salon, elle avait l'air peureuse et triste, j'y suis allée sans discuter, elle semblait appréhender quelque chose..je ne pouvais pas imaginer combien elle avait raison. L'homme et ma mère m'ont rejointe et je sentais que j'avais une boule au ventre.

Maman m'a dit que l'homme (en fait il s'appelle Henri) avait quelque chose à me dire de très important.

Alors, il a commencé à parler, à me dire que je devrais être forte et que je ne pouvais pas en vouloir à ma mère. En fait il était là pour me parler de mon père..

Il m'a dit que quand ma mère était jeune et qu'elle ne vivait pas encore ici. Il a aussi évoqué un homme malveillant du village faisait du mal aux jeunes filles.

Tout le monde le surnommait « le petit boucher », rien que son nom me fit froid dans le dos.

Ma mère avait les yeux remplis de larmes, l'homme a continué à me raconter cette histoire atroce ; le petit boucher violait des femmes, sa cruauté et sa violence n'avaient d'égal que sa méchanceté; il n'avait aucune pitié.

Ma mère fut une de ses victimes. Je ne voulais pas y croire..Ma mère pleurait, ces souvenirs la faisaient terriblement souffrir, chaque mot ouvrait sa cicatrice et remuait la plaie.
L'homme a terminé par me dire que quand maman s'était fait violer, elle était tombée enceinte..de moi.

Mon père était en fait un monstre sanguinaire sans foi ni loi. Mon père est un être abjecte.

Je suis écœurée de ce qu'il a fait à maman..

Cette femme, ma mère, est une grande dame, et pour toujours je l'aimerai et la soutiendrai...












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